visite de maison… d’acier

visite de maison… d’acier

STEEL* LOVING YOU

*acier en anglais

Il y a ceux qui donnent corps à leurs impulsions créatives en photo, en sculpture, en dessin ou par l’écriture. Marc Dentand, artiste polyvalent, a exploré la plupart de ces voies. Et à Thonon, il a aussi pensé une maison, un mariage d’acier et de bois, avec une touche d’abstraction.

Embarcadère de Thonon, ambiance balnéaire, embruns, mouettes et sirènes de bateaux, la Suisse pour horizon. C’est là que gamin, Marc Dentand venait, avec ses copains, pêcher têtards et petits poissons. Installé à l’étranger, l’artiste contemporain n’aurait jamais pensé revenir et construire un jour ici. Mais en accompagnant un ami à la recherche d’une maison au bord du lac, il tombe amoureux de cette parcelle de verger pentue, sur les berges, qui lui rappelle son enfance. Elle est prise en sandwich entre deux grosses villas Belle Epoque -selon la légende, la construction de l’une d’entre elles, propriété d’amis des frères Lumière, aurait d’ailleurs fait l’objet de l’un de leurs premiers films-. Mais ce n’est pas leur allure bourgeoise qui intéresse le plus Marc Dentand, ce qui l’inspire, ce sont leurs hangars à bateaux, quasiment posés sur l’eau.
Il contacte alors les architectes zürichois Kaufmann et Widrig, à qui il avait déjà confié une rénovation. “C’était une maison des années 30, style Bauhaus, que nous avions revue de manière minimaliste, avec de superbes sols en pierre”, explique-t-il, “mais elle était invivable. Ça m’a servi de leçon. Du coup, j’ai envisagé Thonon en réaction contre ce projet. Je voulais que ce soit mon interprétation du savoir-vivre à la française, avec un jardin, des gravillons devant l’entrée, du béton ciré, le bois qui se patine… Le tout dans une architecture contemporaine.” Il tient aussi à envelopper son «hangar» d’acier, dont il aime le mariage de la couleur, une fois rouillé, avec le bleu du lac.

DONNER LA VUE

Les architectes imaginent donc un long pavé métallique, qui prend de la hauteur par paliers, passant de 2,80 à 9 m alors que le terrain, lui, s’incline. Ses lignes sobres, avec les rangées de fenêtres horizontales et la cheminée posée au sommet, évoquent la superstructure d’un paquebot qui aurait accosté au milieu des pommiers. Le terrain, en contrebas du Château de Sonnaz -demeure historique du XVIIe qui abrite aujourd’hui l’Office de Tourisme de Thonon- est situé en zone protégée par les Bâtiments de France. Mais contre toute attente, l’expert qui évalue les plans est totalement conquis : “Il m’a dit : enfin quelque chose de bien en Haute-Savoie !”. En 2009, après deux ans de travaux, la Casa 26 est à flots. A l’extérieur, quand on la regarde d’en haut, elle semble tourner le dos à l’eau, regarder vers le sud. Ce n’est qu’une fois à portée de clapotis qu’on découvre son impressionnante façade vitrée. A l’intérieur, c’est l’inverse : à peine le seuil franchi, le regard est immédiatement attiré par cette fenêtre cathédrale, vers le paysage encadré par les platanes qui se dessine au bout du couloir. Et une fois dans le salon-salle à manger, on est happé par la vue, gagné par le calme, l’intensité, l’étonnant silence… Mais, pour ne pas désacraliser ce précieux décor, ne pas en atténuer l’effet, aucune des autres pièces, chambres ou cuisine, ne regarde dans cette direction. “Il n’y a pas besoin d’avoir de grandes baies vitrées dans toutes les pièces, je trouvais bien plus intéressant qu’une sorte de tube concentre la vue vers le lac. Il est parfois brumeux, mais même quand il pleut ou qu’il y a de l’orage, il y a toujours une belle lumière”, décrit Marc Dentand, “c’est un spectacle fantastique !

DÉCROCHER LES TOILES

C’est un menuisier autrichien qui a accepté de fabriquer la porte coulissante de cette fenêtre aux dimensions et au poids hors normes. “Un type extra, complètement amoureux de son métier, qui a également fait le montage du Musée d’art contemporain de Bregenz. Et dans la maison, il a fait un travail d’orfèvre.
Il a notamment concrétisé les intentions des architectes en alignant parfaitement les panneaux de pin des murs aux plafonds : tous les joints se poursuivent et se répondent, d’une pièce à l’autre. Quant au bois, dont les nuances font écho à l’acier corten de l’extérieur, il apporte la chaleur qui pourrait manquer à des espaces si vastes. Marc Dentand, lui, a laissé sa patte en dessinant meubles et placards ou en… décrochant des toiles : “j’ai vraiment planifié qu’il y ait des marques de tableaux sur les murs, pour qu’on les voie. J’ai donc décroché des plaques et j’ai déclaré que c’était des œuvres d’art ! Comme dans mon travail, j’aime les choses zen, simples, mais avec plusieurs couches.

NE PAS SE RETOURNER

Pendant plusieurs années, Marc Dentand passe ses vacances sur les bords du lac Léman, puis il vend la Casa 26, sans regret : “ça fait partie de la vie d’un artiste que d’apprendre à se séparer des choses.
Elle est rachetée en 2018 par un propriétaire lyonnais qui a tenu à en conserver fidèlement l’esprit : en dehors des «marques», quelques œuvres sont restées au mur ; certaines pièces iconiques de mobilier, comme le Lounge Chair de Charles & Ray Eames ont encore leur place dans une sélection d’objets design pointue ; et les salles de bains, avec leur mosaïque bleu-vert Le Corbusier, n’ont pas bougé. La cuisine, par contre, a troqué son jaune poussin contre un anthracite plus classique, et dans les chambres, les têtes de lit se sont faites plus cosy. Mais, pour respecter le parti-pris minimaliste de cet intérieur, aucun placard n’a été rajouté, aucun luminaire n’a été encastré.
C’est comme une œuvre d’art que cette maison a été pensée, et c’est comme telle qu’elle est aujourd’hui occupée.

+ d’infos : otoctone.com/otoctone-thonon-2

Photos : Zariel

DESIGN : H’S FABRIC PICTURES

DESIGN : H’S FABRIC PICTURES

COUD D’ŒIL

Voyager en restant sur son canapé, on peut le faire en regardant la télé, ou en agrémentant son intérieur des coussins dépaysants d’Hélène, une Annécienne qui a préféré le tissu au papier, pour imprimer ses clichés.

Une vis dans un banc, le cœur d’un artichaut ou une bande de jeunes fêtards qui vient terminer sa nuit sur la plage… L’œil de cette quadra souriante et bien dans ses lunettes ne s’arrête jamais, il furète, s’intéresse à tout. Et ça remonte à très loin. 

C’est son père qui l’a initiée, petite, à la photo. Pour ses 12 ans, il lui offre son premier Canon et lui apprend à développer ses négatifs dans la salle de bains. Depuis, elle a toujours, sur elle, de quoi immortaliser une situation ou un paysage, “j’aime les souvenirs, revoir les endroits où je suis allée, mais aussi capter les moments qui feront la photo qu’on ne verra pas partout.” Elle n’en fait pourtant pas son métier, préfère rester une passionnée. Régulièrement, son entourage lui suggère d’exposer : “mais je voulais trouver une idée plus originale de valoriser mon travail.

Pendant cinq ans, Hélène cherche, fait le tour des imprimeurs pour voir tout ce qui existe et trouve finalement que sur le tissu, ses clichés ont de la gueule. “J’aime bien acheter une pièce unique ou tirée d’une série limitée, et je pense que beaucoup de gens sont pareils, veulent quelque chose d’original. En 2019, j’ai donc fait quatre premiers modèles de housses de coussins, pour voir, et ça a très bien marché, alors je me suis lancée. J’avais une machine que je n’avais jamais utilisée, je savais à peine coudre un bouton à la main, il a donc fallu que je m’y mette, et là, c’est ma mère qui m’a appris.

Velours pour l’hiver, coton et lin pour l’été, elle adapte aussi ses collections de visuels en fonction des saisons : ambiance basque et atlantique ou plutôt remontées mécaniques. Elle aime également tout ce qui est citadin, très graphique, mais quelles qu’elles soient, ses photos ont toujours une histoire. “Quand nous sommes partis à New York en 2012, c’était juste après le passage de l’Ouragan Sandy. Tout était à l’arrêt, on ne pouvait faire aucune des visites prévues, alors on s’est rabattus sur un vol en hélico… Dans d’autres circonstances, nous ne l’aurions pas fait et je n’aurais jamais pris cette vue aérienne de la ville.” Manhattan, l’Algarve au Portugal, Londres ou Lausanne, Hélène aime autant ces destinations photogéniques que le soleil qui se couche sur la Tournette en face de chez elle, qu’elle fige ensuite “pour mettre de l’extérieur dans l’intérieur des gens.”  

 + d’infos : hsfabricpictures facebook

DESIGN : BC MEUBLES

DESIGN : BC MEUBLES

A LA SCIURE DE LEUR FRONT

Rien ne dit qu’ils soient particulièrement superstitieux, mais, du côté du Val Montjoie, quand ils planchent sur une de leurs compositions à quatre mains, Lisa Cerioli et Laurent Bibollet touchent vraiment du bois.

Le soir au coin du feu, il y a des couples qui parlent organisation familiale, vacances ou nouvelle déco. Lisa et Laurent aussi, mais le plus souvent, ce qui meuble –et c’est le cas de le dire- leurs conversations, ce sont les lignes d’une table, l’arête d’un buffet ou le dessin d’un chevet.
Tous deux ont grandi dans un atelier de menuiserie, entre les odeurs de copeaux et la stridence des scies : aux Contamines-Montjoie pour Laurent, qui reprendra l’entreprise paternelle après un CAP complété par un certificat en ébénisterie, marqueterie et sculpture sur bois ; à Megève pour Lisa, passionnée de dessin depuis l’enfance, qui, à chaque déménagement, imaginait les éléments de sa nouvelle chambre pour que son père les fabrique. Elle ne savait pas qu’elle en ferait son métier.

Quand ils se rencontrent, il y a 10 ans, elle travaille en service dans la restauration. La maison de Laurent n’est pas encore terminée, alors ils en conçoivent le mobilier. Leur première création commune ? Une table basse en noyer, avec quatre cubes-tabourets qui s’insèrent dessous ou servent de bouts de canapés. “Elle a un aspect très fonctionnel”, décrit Lisa, “mais la touche de Laurent, c’est le plateau en marqueterie, une sorte de Tetris composé de plusieurs teintes différentes, bois de rose, citronnier ou palissandre.” Bois durs, beaux contrastes, Lisa apprend sur le tas à manier rabot et ciseaux, pour être en mesure, elle aussi, de fabriquer un meuble de A à Z, en suivant les conseils techniques de Laurent.
Binôme créatif, rebondissant sur l’idée proposée par l’un ou par l’autre, ils finissent par associer leurs initiales (le B de Bibollet avec le C de Cerioli) et se lancent professionnellement ensemble en 2018, tout en restant double-actifs : Laurent est guide de haute-montagne et Lisa, monitrice de ski. “On fait aussi beaucoup d’escalade à deux, la nature c’est notre espace. On est tout le temps dehors, ça rejaillit donc forcément sur ce qu’on dessine.” Une table qui rappelle les ailes d’un oiseau, une console qui joue avec les cimes alpines ou un chevet «perchoir»… Entre leurs quatre mains, le bois révèle aussi bien sa force brute que toute la finesse de son répertoire.

+ d’infos : http://bc-createursdemeubles.com

DESIGN : PETITES SÉRIES ENTRE ILLUMINÉES

DESIGN : PETITES SÉRIES ENTRE ILLUMINÉES

UNE IDÉE LUMINEUSE

Empotés, arborés, cuivrés, embobinés, enfourchés… les luminaires de Stéphanie Calemard sont à des années-lumière d’une lampe classique. Depuis qu’elle a déclaré sa flamme au tissu africain avec sa série Mégawax, ses suspensions se déclinent aussi en une guirlande méga colorée.

Il suffit d’une illumination pour faire une collection. C’est ce qui est arrivé à Stéphanie un jour dans le métro parisien en admirant le pagne magnifique d’une Africaine. “Je lui ai demandé où elle l’avait acheté, elle m’a répondu à Château Rouge, le quartier africain de Paris. Je m’y suis rendue dans la foulée et j’ai adoré cet endroit. J’avais l’impression d’être dans un autre pays. J’ai acheté une valise sur place et je l’ai remplie de tissus wax. Quand je suis rentrée chez moi, l’idée est vite venue : j’ai monté mon grillage de cuivre, commencé à tisser des bandes de wax préalablement plasti- fiées. Ma série Mégawax était née.” Ces suspensions aériennes, légères et colorées, elles les décline selon les goûts et les envies des clients qui choisissent le diamètre de l’abat-jour (de 15 cm à 1,20 mètre) et le coloris. C’était il y a 4 ans. Depuis Stéphanie a dû réaliser 4 ou 5000 lampes de cette collection branchée !

SOUS LES FEUX DE LA LAMPE

Cette envie de créer, elle l’a toujours eue depuis son enfance à Saint-Etienne : petite déjà, elle dessinait, peignait à l’huile, sur soie, à l’aquarelle… Après des études à l’École d’arts Appliqués de Lyon, elle occupe le poste de graphiste en agences de communication à Lyon, Paris et Grenoble. Puis, elle se lance en freelance et se spécialise dans les affiches d’événements culturels. Un jour, elle commence à fabriquer des lampes pour son intérieur. Après une expo privée de son travail et un passage au salon ID d’Art Lyon, elle se rend compte que ses «Petites Séries Entre Illuminées» plaisent. Alors, il y a 15 ans, elle sort de l’ombre et participe à son premier salon Maison & Objet à Paris. Depuis, elle n’en a manqué aucun !

HABITS DE LUMIÈRE

Sa première série, les Empotées, un détournement de transplantoirs, est directement inspirée de la nature et de son environnement. “J’habite à Saint-Ismier, dans la vallée du Grésivaudan. Un endroit merveilleux et en haut du village : ma maison, qui date de 1739, au bord d’une forêt, entourée de biches, d’oiseaux… Un vrai paradis, c’est très inspirant comme lieu, complètement hors du temps… J’y ai mon petit atelier de 20 m2, qui s’est étalé dans toutes les pièces, maintenant que mes trois enfants sont partis !” Entre nature et haute-couture, elle propose «Les Arbres voyageurs», des lampes en bois habillées de lainage, «Les Enfourchées», une fourche devenant le pied de la lampe… Elle voulait être styliste. Cela ne s’est pas fait, mais elle habille désormais ses luminaires de toute sorte de tissus en jouant sur les couleurs et les imprimés.

HISTOIRES DE FAMILLE

Aujourd’hui, sa série Mégawax ayant méga pris le dessus sur les autres, elle s’y consacre presque entièrement entre confection et présentation sur des salons comme Le Printemps des Docks (19 au 21 novembre à Lyon). Presque, car elle a aussi retrouvé sa passion pour la peinture pendant la pandémie de Covid. Elle s’entoure alors de personnages colorés, sa Family Wax, qui lui tiennent compagnie lors de ses expositions au Luxembourg, à Lausanne… “Mes tableaux sont un petit bout de moi, mes enfants qui sont partis, c’est ma famille”. Une mise en lumière d’une autre facette artistique de cette boule d’énergie qu’est Stéphanie, génie de la lampe…

https://www.petites-series-entre-illuminees.com/

Ses créations sont à retrouver chez Intérieur Altitude à l’entrée de Thônes.

Photos : Stéphanie Calemard

Design : Camille lauremane

Design : Camille lauremane

COMME UN ACCORD

Pas de Camille en vue chez le designer Camille Lauremane, mais Gautier Laurent et Estelle Drevet, deux créateurs de meubles épurés et parfois intrigants… Entre l’ébéniste et l’architecte règne une harmonie au parfum boisé, un accord parfait donnant naissance à une gamme de mobilier aux notes stylées.

Avec ses pieds en lignes droites et la courbe douce de son dossier, son assise et son piètement en porte-à-faux, la chaise YXO a de quoi surprendre. Jouer sur les oppositions, proposer des designs qui sortent de l’ordinaire et se distinguent franchement de ce que l’on peut voir habituellement, voilà l’objectif de Camille Laurémane. Derrière ce nom fictif, se cachent deux esprits créatifs : Gautier et Estelle. Lui a fait des études de dessin industriel et pendant 6 ans a construit des machines spéciales dans ce domaine pour ensuite se tourner vers la conception et le design d’équipement médicaux. Puis, c’est lors d’une collaboration avec son père et son frère, propriétaires d’une entreprise de coffrage en bois pour des conceptions ambitieuses d’architectes et d’artistes, qu’il a le déclic. Toucher du bois, il a toujours aimé cela, sans doute une histoire de famille : un arrière-grand-père maître artisan menuisier, un grand-père charpentier, une sœur architecte spécialisée dans le bois… Après une formation d’ébéniste dans le Jura, il travaille chez deux menuisiers singuliers ayant une formation d’architecte pour l’un et spécialiste en fabrication de siège pour l’autre. En mars 2020, il crée son atelier à Villard-Bonnot, et est rejoint rapidement par Estelle…

ARCHI INGÉNIEUSE

Estelle, de son côté, a effectué un double cursus ingénieur-architecte à Lille. “Diplômée ingénieur, j’ai voulu continuer les études d’architecture à plein temps. Je suis alors rentrée à l’école nationale d’architecture de Grenoble ce qui m’a permis de découvrir la diversité des approches de cette discipline, cet exercice d’exprimer spatialement une décision intellectuelle : historiques, culturelles, techniques… J’ai aussi appris à concevoir un projet de A à Z notamment en participant aux Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau où l’on pouvait construire nos projets à l’échelle 1”. Après avoir été salariée en agence et œuvré sur des projets d’agencement, de déco, de dessin de meubles comme des banques d’accueil, elle se sent irrémédiablement attirée par cette partie très design de l’agencement. Et comme elle partageait déjà sa vie personnelle avec Gautier, l’idée de s’associer dans la vie professionnelle est venue naturellement.

ÇA BICHE !

Camille Laurémane, c’est ainsi un peu de lui, un peu de moi”, explique Estelle. “Gautier est très créatif surtout pour les détails d’assemblage, les aspects plus techniques, moi je vais beaucoup analyser le contexte donné et l’environnement autour d’un projet. Notre mobilier, on le fait tous les deux. Quand on propose un accompagnement des clients en décoration et agencement sur mesure haut de gamme, c’est plutôt ma partie. Nous sommes très complémentaires, parfois une idée viendra de Gautier et je vais la compléter, et vice-versa”. De cette collaboration, naissent dans leur atelier désormais installé à Vienne, des meubles d’art épurés, dépouillés du superflu, un peu intrigants parfois, à l’image de la console Ziggy et de ses pieds tout en finesse : prise en photo en pleine nature, elle semble prête à gambader telle une gracieuse biche sur ses pattes délicates ! Pour le bureau de la collection Reine, c’est après avoir visité le Musée des Arts Décoratifs de Paris qu’ils ont eu envie de revisiter un bureau Cressent de style Louis XV pour en faire quelque chose de plus contemporain en gardant l’idée des tiroirs se fondant dans les courbes.

RÉACTION EN CHÊNE

Apportant une grande importance aux essences utilisées, ils n’emploient que du bois massif provenant de France pour leurs créations en petites séries. “Sur les projets d’agencement (cuisine, salle de bains, banques d’accueil…), c’est plus compliqué, mais on essaye de minimiser le recours aux bois agglomérés, aux panneaux de particules… Ce n’est pas la matière qu’on aime travailler et c’est peu écologique. On essaye de toujours créer dans une logique de durabilité, on espère vraiment que nos meubles seront utilisés d’une génération à l’autre. C’est pourquoi on choisit des essences qui ont fait leur preuve : chêne, hêtre, frêne essentiellement”.
Des essences pour le plaisir des sens !

+ d’infos : http://camille-lauremane.com

DESIGN : ATELIER LOUPIOTE

DESIGN : ATELIER LOUPIOTE

LAMPE DE LANCEMENT

Si Elon Musk opte pour des alliages d’acier spéciaux et cible le Centre Spatial Kennedy afin de décoller, l’Atelier Loupiote, lui, choisit le bois, vise votre table de chevet et préfère se poser. Pour entrer dans la lumière, à chacun sa fusée, le principal, c’est de se lancer…

Noël approche. Certains d’entre vous, les plus créatifs, les plus talentueux ou les plus fauchés, auront certainement envie de fabriquer des cadeaux de leurs propres mains. Sans savoir qu’il s’agira peut-être là du début d’une belle histoire… Ce fut le cas pour Aline Bergeron, une jeune architecte originaire de Bourges –ce qui ne fait pas d’elle une Bourgeoise, mais une Berruyère– qui, à la fin 2019, décide de mettre à profit ses talents manuels pour gâter ses proches : avec l’aide de Maxime Dubois, son ingénieur de compagnon, elle conçoit des petites lampes-fusée avec des lames de bois –Dubois, de bois, oui, on lui a déjà fait la vanne plusieurs fois-, qui font un carton.
Le confinement qui suit, quelques mois plus tard, leur permet de réfléchir à ce succès. Depuis longtemps, Maxime est dans les starting-blocks pour le lancement d’un projet puisqu’il finit de se former au commerce et à l’entreprenariat à l’EM Lyon Business School : “j’ai toujours eu l’idée que je vendrais quelque chose que je saurais faire et que j’aimerais, c’était l’occasion. J’ai donc mis toutes mes économies et on a acheté une machine à découpe laser.

UN BOULEAU D’ENFER

La parenthèse Covid leur laisse également le temps de mettre en ligne leur site internet, d’imaginer plusieurs modèles et de créer les prototypes. En tout, une gamme d’une dizaine de luminaires minimalistes, à l’image des suspensions design Albatros et Ava, ou les lampes à poser plus enfantines, comme la montgolfière Archimède ou Antoine, l’avion tout rond… Le nom de chacune de ces références commence d’ailleurs par un A, comme Aline, pour qui les lampes ne sont pas QUE des objets, mais des éléments qui créent “continuité et cohérence dans nos espaces ; autrement dit, c’est un élément clé qui fait qu’on se sent bien chez soi.” “C’est pour ça qu’on aime le terme de «sculpteur de lumière»”, complète Maxime, “car les lamelles de bois la diffusent de manière très originale, on travaille beaucoup sur la projection.
L’autre grande envie de ce duo inventif, c’est de défendre haut et fort les circuits courts, en achetant notamment leur bois de bouleau en Isère ou dans le Rhône, à moins de 100 km de leur atelier. Ils espèrent aussi jouer un vrai rôle dans la filière éclairage française, se positionner comme « l’acteur précurseur de la re- localisation ». “95% des luminaires vendus en France sont des produits d’importation, ils se ressemblent donc tous beaucoup, ce sont des produits de masse, issus de très grandes séries. Ce qu’on veut, nous, ce n’est pas dénoncer, mais essayer d’inverser la tendance.

PETITE LAMPE NE DEVIENDRA PAS TROP GRANDE

Et parler à tout le monde, en ne se situant ni dans le créneau de la grande distribution bon marché, ni dans celui des grands noms du design hors de prix. “On est des tout petits industriels-artisans, qui travaillons à la fois avec des moyens modernes et avec des gens, avec de l’humain à la production. On veut donc montrer qu’il est possible d’acheter des luminaires en accord avec ses valeurs. Quand on se lance, on vous dit souvent qu’il vaut mieux choisir un « océan bleu », un secteur vide de concurrents. L’éclairage, c’est un secteur ultra-concurrentiel, mais ça peut marcher, si on vend du sens.” Et ça marche. “Au début, il ne s’agissait pas du tout d’un projet ambitieux”, se rappelle Maxime, “mais plutôt d’une aventure annexe, j’étais toujours en recherche d’emploi, on n’avait pas de locaux à proprement dit, mais ça n’a fait que grossir.” Installé aujourd’hui dans 300 m2 à Villeurbanne, l’Atelier Loupiote emploie trois autres personnes et compte bien en recruter 5 de plus pour 2022. Et si, a contrario d’Elon Musk, ils ne visent ni la Lune ni Mars, du haut de leurs 25 ans, on peut dire qu’Aline et Maxime sont bien lancés…

+ d’infos : http://atelier-loupiote.fr

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