DESIGN AU JARDIN

DESIGN AU JARDIN

LE FIN DE LA FIN

Barbecue , mobilier , déco , luminaires , vous voilà prêts pour les beaux jours, vous avez pensé à tout. A tout ? Non, non, il y a certainement des choses auxquelles vous n’avez pas pensé… On va vous les souffler.

Singing pool

Après l’enceinte qui éclaire et la lampe qui flotte, voici l’enceinte qui flotte ! On n’arrête pas le progrès, ni l’envie d’écouter de la musique en toutes circonstances. Conçue en partenariat avec un architecte naval pour une marque française qui s’adresse aux grands enfants, cette méduse mélomane permet même, grâce à son pad, de répondre à un appel sans sortir de l’eau. Dispo en 4 coloris. + d’infos : mob.paris

Y’a pas de seau métier

Dans la veine des gadgets qui en jettent, voici maintenant le seau à glaçons qui ne se contente plus de garder le rosé au frais, mais illumine aussi vos soirées d’une de ses 9 couleurs, tout en jouant votre playlist préférée. Festif et décoratif, the Joouly devient quasiment un meuble à part entière… Mais tant qu’il ne préparera pas lui-même les cocktails, je ne cèderai pas. Dispo en 3 tailles : 35, 50 et 65 cm. + d’infos : joouls.com

Balle de cristal

Jouer au baby-foot traditionnel, c’est à la portée de tout le monde. Mais jouer au Teckell Cristallino, ce n’est plus s’adonner simplement à un passe-temps populaire, c’est une expérience exclusive : un terrain en Corian® complètement transparent, des joueurs en alu, des poignées et joints chromés, des filets faits main… On ne sait pas si la balle a été vieillie en fût de chêne ou dorée à l’or fin par contre. Dispo également avec un terrain noir. + d’infos : http://teckell.com

Bar(re) haute

Le meilleur pour la fin. Si là, vous n’en mettez pas plein la vue à vos invités, vous pourrez ranger votre tablier… Accueillez la rolls de l’apéro, la ferrari de la garden party, l’avion de chasse de la classe : le MoBar, un bar extérieur mobile, comprenant une cave à vins, un tiroir réfrigéré, un panier à glaçons et un espace de présentation pour poser cahuètes et saucisson. Mais quand vous en serez là, vous proposerez certainement plutôt des huîtres et du foie gras. + d’infos : dometic.com

Maison d’hôtes : La divine comédie à avignon

Maison d’hôtes : La divine comédie à avignon

CÔTÉ JARDIN

S’il y a bien un endroit où la comédie est une chose extrêmement sérieuse, c’est à Avignon. Alors tapons trois coups, prenons la direction de la ville-théâtre et franchissons ses remparts pour lever le rideau sur une maison au décor opulent, dans laquelle le jardin ne joue pas les figurants.

Les portes cochères sont souvent des promesses de surprise. Une fois leurs lourds vantaux de bois entrouverts, elles révèlent des pépites jalousement préservées des regards passants. Dans le cœur de la Cité des Papes, à deux pas du Palais du même nom, cette porte-là est imposante, mais plutôt simple, d’un gris foncé moderne, très haute et surmontée de balustres. Rien, dans sa sobriété, ne laisse deviner la luxuriance du jardin qu’elle abrite : 2600 m2 de vert en camaïeu, une centaine d’essences différentes et quatre gigantesques platanes séculaires dont la canopée filtre les rayons du soleil provençal. “On a acheté la maison pour le jardin, c’est la pièce principale”, confie Gilles Jauffret, décorateur d’intérieur et propriétaire des lieux depuis 2010. “On a gardé les platanes, qui sont protégés, mais on a enlevé tout le reste.


Cet éden a ensuite été réaménagé en plusieurs espaces, pensés comme autant de niches d’intimité : “ma définition du luxe, c’est de ne pas être les uns sur les autres. Par exemple, je voulais un bassin de nage à l’abri des regards, mais on peut également être tranquille sur la terrasse de l’orange- rie, et la folie [ndlr : petite construction ornementale, parfois romantique, souvent atypique ou extravagante, qui sert d’articulation dans une composition paysagère, ici inspirée par une lampe arabe du XIXe siècle] qui abrite l’espace bien-être, a été conçue pour n’accueillir que deux personnes. Mais il y a aussi, bien sûr, tout ce qu’on attend d’un jardin : les couleurs, les odeurs, avec du jasmin, des lauriers-fleurs, des roses… et les sons. La ville d’Avignon est bercée par ses cloches, et là dans le jardin, il y a toujours, en fond, le bruit de l’eau qui coule et du vent dans la bambouseraie.”

ENTRER DANS LA LUMIÈRE

De l’espace, de la végétation, du soleil, c’est ce que cherchaient Gilles et son ami Amaury en quittant Paris. Tout en restant à distance raisonnable de cette capitale qui les passionne. Quand ils rencontrent la maison –car c’est bien de cela qu’il s’agit, d’une rencontre– elle est quasiment à l’abandon, après avoir longtemps abrité les salles de classe d’une école de langues. Les murs datent des XVIIIe et XIXe siècle, il faut la repenser entièrement, décloisonner, faire entrer la lumière. “On a commencé par ré-ouvrir la maison sur le jardin. Dans l’ancienne salle-à-manger devenue salon, seule pièce gardée en l’état avec ses passe-plats et ses trumeaux [ndlr : espaces peints] au-dessus des portes, nous avons enlevé les fenêtres et mis des portes-fenêtres. Mais nous les avons ré-utilisées pour délimiter les espaces dans les suites à l’étage.” Ils échangent ensuite l’unique ouverture du jardin d’hiver contre de grandes verrières, dont les carreaux, imitant le verre ancien, donnent le sentiment d’avoir toujours été là. “Tout doit paraître naturel, mais tout est calculé”, sourit Gilles. “Chaque élément a la même force décorative, les couloirs, par exemple, ont autant d’importance que les pièces.”

UN DÉCOR QUI A DU CHIEN

Une verrière, ils en découpent aussi une dans le toit, afin qu’elle éclaire, de manière zénithale la cage d’escalier centrale. Un patchwork de plus de 200 peintures et gravures y racontent Avignon entre les XVIe et XIXe siècles. Ce sont également des toiles, et la passion pour les objets de ces deux grands collectionneurs, qui ont guidé la décoration des cinq suites : des lithographies du Bosphore et des malles anciennes dans la suite Consul ; des gouaches du Vésuve en éruption et un baldaquin majestueux dans la suite Naples ; des vues de la cité lacustre et des fauteuils coquille seventies dans la suite Venise ; des toiles orientalistes et un spectaculaire lit rond dans la suite Aphrodite ou d’anciennes maquettes de bateaux chez Anatole.
Mais tout bouge tout le temps, le décor change en permanence. Et curieusement, je n’aime pas la déco”, ironise Gilles, “je suis entouré d’objets de compagnie, aucun n’est là « pour faire bien ». Tous, au même titre que les tableaux, correspondent à une rencontre, un souvenir, un moment.” Dans une recherche permanente de « justesse et d’équilibre », œuvres contemporaines et morceaux d’histoire se côtoient donc, comme le font aussi les animaux, vrais ou faux. Éléphanteau, buffle ou singes dialoguent avec Simone et Gaston, les Chartreux dont le pelage argenté est parfaitement assorti à celui de Théodule, le placide et impeccable Braque de Weimar, toutou à l’élégance aristocratique.

SCÈNE DE VIE

Quand nos hôtes arrivent, ils sont accueillis par le chien, qui est persuadé de connaître tout le monde, et ça désacralise l’ensemble : on se retrouve comme si on se connaissait depuis 20 ans. Nous sommes tous des personnages avec des rôles, des positions, des façons d’être ; je voulais donc que ce lieu soit un décor de théâtre, car la vie est une scène de théâtre et nous jouons en permanence une douce comédie.” Divine ici, en référence au célèbre poème de Dante. Un voyage entre l’enfer et le paradis, guidé par la raison et la foi, métaphore de cette aventure avignonnaise ? “7 ans de travaux, 7 ans d’emmerdes ! On a refait 90% des espaces intérieurs et, à l’extérieur, on n’a gardé que 10 arbres, on est donc passés par des étapes compliquées…
Mais parce qu’un dénouement heureux, c’est le propre de la comédie : “on a une chance inouïe. Recevoir, c’est une passion. Nous aimons que les gens se sentent bien : on ne se pose pas de question quand on est bien, tout est naturel. Chacun arrive avec un objectif différent, seul ou en amoureux, les étrangers pour visiter la région, les Français pour profiter de la maison. C’est un lieu de rencontres, et les rencontres humaines, c’est essentiel, c’est ce qui nous nourrit.

+ d’infos : http://la-divine-comedie.com

VISITE DE MAISON, à Charbonnières

VISITE DE MAISON, à Charbonnières

AU PREMIER REGARD

Dans les films romantiques, il y a évidemment les histoires de passion immédiate, de coup de foudre, d’amour au premier regard. Mais l’autre schéma classique, ce sont deux personnages que tout oppose, qui commencent par se mépriser avant de succomber. À Charbonnières-les-Bains, c’est un peu ce qui s’est passé.

« Quand on est arrivés ici, j’ai détesté ! Je ne m’y sentais pas bien. Il m’a fallu 8 ou 10 mois pour être inspiré…” On l’aura compris, cette maison n’est pas un coup de cœur pour Lionel Levy. Il l’a achetée dans la précipitation -“j’achète toujours dans la précipitation”, reconnaît-il- après avoir vendu la précédente, une construction des années 80, sans charme particulier, qu’il avait convertie en villa contemporaine avec piscine intérieure, salle de ciné et boîte de nuit.
Convertir, transformer, ré-inventer des lieux, c’est son truc. Un manoir du XVIIIe, un loft minimaliste ou un pavillon de lotissement… Tous les quatre à cinq ans, il embarque famille et collaborateurs pour un nouveau défi, à une nouvelle adresse. Car il travaille où il vit, et sa passion, c’est justement de rénover des bâtiments.

LA JACHÈRE APPRIVOISÉE

Avant il les vendait. Mais passionné d’art et de mode, issu d’une famille implantée dans le milieu de la haute-couture lyonnaise -le créateur de robes de mariées Max Chaoul, décédé en 2020, était son parrain-, il ne s’épanouissait pas totalement. Il s’est donc mis à racheter et réhabiliter, en imaginant même la déco et le mobilier. “De fil en aiguille, les gens sont venus me chercher pour les aider dans leurs projets.” Et il y a pris beaucoup de plaisir. Au point de lancer, en autodidacte, sa propre agence d’architecture d’intérieur. C’était il y a 15 ans. Et quoi de mieux, pour stimuler son inventivité, que d’habiter ses propres chantiers ? À Charbonnières-les-Bains, ancienne station thermale à proximité de Lyon, c’est donc sur une propriété très récente, cubique, à toit plat, qu’il jette, sans émotion, son dévolu. Il installe ses bureaux dans le garage, ne sachant pas trop quoi faire du reste. “Les murs étaient oranges, les portes toutes petites, l’ensemble plutôt fermé, très sombre, un peu bricolé, avec une minuscule terrasse sur un terrain très raide qui descendait en pente vers le ruisseau.” Pour se donner du cœur à l’ouvrage, il commence donc par travailler les extérieurs. A grands renforts d’enrochement et de paliers, il relie maison et garage par une vaste esplanade en bambou qui accueille un couloir de nage. Le talus est dompté, la machine lancée, l’endroit commence à lui parler.

NOIR C’EST NOIR

Sans modifier la structure, on a complètement repensé l’intérieur, en commençant par ouvrir les espaces pour dégager de beaux volumes”. Et ça, on s’en rend compte avant même de franchir le palier. En effet, deux parois de la maison sur quatre, très généreusement vitrées, permettent de visualiser d’un seul coup d’œil la hauteur dans la pièce de vie. Avec cette abondance de luminosité, en déco, Lionel a pu jouer la carte des couleurs sombres sans arrière-pensée. La dominante ? Du noir mat, pour le mobilier -dont lui et ses collaborateurs ont d’ailleurs dessiné et fabriqué certaines pièces, comme la table à manger ou le meuble de rangement du bureau à l’étage- ou pour la cuisine, dans laquelle le velouté des plans de travail en fenix, une sorte de résine extrêmement résistante et douce au toucher, répond à celui des placards.
Grands les placards, comme le sont également les portes de chaque pièce, qui courent du sol au plafond, afin d’accentuer l’effet de hauteur, et sont recouvertes d’un revêtement effet cuir, pour se fondre dans le décor. Car dans cet espace ouvert, l’idée est aussi de faire disparaître tout ce qui pourrait être inesthétique : les charnières sont invisibles, l’électro-ménager encastré, et les soffites -décaissements de faux-plafond- masquent gaines, câbles ou climatisation… Mais revenons à ce qui se voit, et à la palette ! Jusque dans les deux chambres, le noir côtoie donc du gris foncé pour les escaliers en béton ou les murs, sur lesquels les grandes dalles de kerlite, un grès cérame ultra fin, renforce le sentiment d’élévation, de hauteur ; et enfin du gris plus clair au sol. Cette déclinaison appelle en contre-point des touches de bois clair qui réchauffent l’atmosphère, apportent du relief et de la matière.

IDENTITÉ RÉVÉLÉE

Mais on peut se douter, au rouge vif des lunettes hexagonales du maître des lieux, qu’il n’est pas resté longtemps sans égayer cet ensemble à coups d’éclats de couleurs. Les plus évidents sont les toiles de l’artiste lyonnais Frédéric Adrait, une série de regards et de portraits urbains qui vous interceptent d’une pièce à l’autre. Et un peu partout, Lionel a également glissé des clins d’œil, des références, au street-art avec ses bombes accrochées au mur par la peinture ; au cinéma ou au comics avec des stickers qui transforment les luminaires en négatifs photos ; au design, avec toute l’artillerie des lampes Gun de Starck, l’incontournable Pipistrello, le Balloon Dog de Jeff Koons… Ou les assises surprenantes des Italiens avant-gardistes d’Edra, comme cet énorme ours polaire –noir évidemment !– sur sa banquette-banquise, contre lequel on peut se pelotonner pour regarder la télé, et ce fauteuil drapé de fourrure douce, aux allures de Mont-Blanc au marron, pour prendre le thé.
Au final, dans cette maison qu’il a appris à aimer, Lionel s’est amusé. Il a cherché à faire sourire et étonner, mais surtout à donner, à cet intérieur qui n’en avait pas, une identité. Son identité.

+ d’infos : rehome.fr

Photos : Sabine Serrad

en visite à lyon, la presqu’ile

en visite à lyon, la presqu’ile

L’APPARTEMENT DU TÉLÉPHONE LYONNAIS

Il existe des chemins plus courts pour devenir propriétaires d’un appart en Presqu’île lyonnaise. Mais à l’arrivée, le jeu en valait la chandelle. Vous allez vite comprendre pourquoi se montrer patient et persévérant n’est pas sans vertu.

Une boulangerie de la Presqu’île. Un numéro de téléphone au terme de la petite annonce immobilière d’un particulier. Huit chiffres et une discussion cordiale plus tard, le verdict tombe : trop petit. Le bien est déjà juste pour la famille de trois personnes qui l’habitent, alors pour une smala composée de 6 personnes… Même en empilant les lits superposés, inutile d’y songer. La chose aurait pu en rester là. « Attendez, j’ai peut-être quelque chose d’autre pour vous », souffle la voix à l’autre bout de l’appareil. Des voisins, potentiellement intéressés à vendre leur grand logis. Quatre enfants eux aussi, dont trois ont déjà pris le large. Oui ! Dans le même immeuble. Il faut dire qu’à cette adresse, tout le monde se connaît. L’immeuble entier appartient à une seule et unique famille. Oui ! Ça existe encore.

PASSE TON BAC D’ABORD

Une excellente nouvelle pour les aspirants à l’achat qui habitent le quartier et souhaitent y rester. Mais il y a un mais. Il faut attendre que la petite dernière ait passé son bac, pour ne pas la bousculer en cette année cruciale. Tope-là ! Un compromis de vente est signé avec une date ultérieure. Et voilà comment un an et demi après le coup de fil, une jolie tribu investit ces 200 m2. À chacun, sa chambre, qui sont au nombre de cinq. Pour tous, les somptueuses ornementations au plafond, les arabesques et volutes qui courent sur les encadrements de porte, les riches boiseries, les cheminées en marbre, le parquet à chevrons. Autant de vestiges d’une faste époque où l’appartement occupait tout l’étage, et abritait 14 enfants !

UN GRAND APPARTEMENT, ÇA SE MÉRITE

Si l’on ajoute à l’année et demie d’attente une fois le marché conclu, repasse par la case location compris, les deux années de recherche avant de tomber sur ce miraculeux numéro de téléphone, il aura fallu presque quatre ans à notre gang de Lyonnais pour dénicher ce petit rêve. Mais quand la porte s’ouvre pour la première fois sur les lieux le jour de la visite, les visiteurs sont conquis. La verrière dont la beauté vous saisit dès l’entrée n’y est pas étrangère. Vite oubliés les «pas dans le budget», «trop sombre», «pas assez grand» ou «passé sous le nez» des dernières années. Une fois l’emménagement effectif, plus de temps à perdre ; les parquets sont poncés, les peintures rafraîchies. Puis viendra le tour de la cuisine, qui sera rénovée et, de manière plus appuyée, des salles de bains.

C’EST UN APPARTEMENT BLEU ADOSSÉ À LA…

La trame ancienne de l’auguste appartement a été respectée par les nouveaux occupants. Pas de charivari spatial au programme. Pour une habitation de ce volume, la cuisine se révèle ainsi exigüe, mais charmante. Mêmes dimensions modestes pour la salle à manger vêtue d’un bleu soutenu. « J’avais en tête cette couleur depuis un bail. Je me suis dit que cet espace où l’on passe peu de temps ne pâtirait pas d’une teinte plus sombre » raisonne la proprio, calée en déco et habile chineuse. Dont acte. Les bleus jouent les harmonies dans le reste de la maisonnée.
Quand toutes les portes sont ouvertes, la salle à manger, le salon et la chambre parentale en enfilade forment une perspective qui en jette. Il faut limite un Pavarotti pour se faire entendre d’une pièce à l’autre. On assiste aussi à un récital de placards, aux gabarits si imposants qu’on hésite à y caser une salle de douche.

LE COMPTE EST BON

Côté cour, les piaules des bambins. Trois chambres dont l’une a été cloisonnée pour en créer une quatrième. La hauteur sous plafond autorise l’aménagement de mezzanines, pour compenser. À noter que la couleur des chambres a été choisie «de manière encadrée» par les enfants eux-mêmes. Hormis dans cette section, la luminosité du nid est trompeuse : les grandes baies vitrées et un immeuble de l’autre côté de la rue de taille modeste donnent à ce 2e étage une clarté inespérée. « À part l’absence de vue, ce logis n’a que des qualités ! », se félicite la proprio. On confirme.

Photos : Aurélien Vivier pour the-only-place

VISITE DE MAISON… ET D’HISTOIRE

VISITE DE MAISON… ET D’HISTOIRE

HÔTEL RESTAU

Un hôtel particulier, en plein cœur du quartier historique de Chambé, des poutres centenaires, des plafonds voûtés et du parquet racé… de quoi donner du caractère à une rénovation éclairée.

Avoir un coup de foudre pour un bâtiment vieux de plusieurs siècles, c’est un peu comme tomber amoureuse après 45 ans : on se doute que l’objet de nos désirs a vécu plusieurs vies -sinon c’est louche…-. Si, depuis sa rénovation en 2014, Marie-Elisabeth est la première propriétaire de ce 180m2 à deux pas du Château des Ducs de Savoie, elle sait donc bien que l’endroit, à l’origine très bourgeois, s’est ensuite encanaillé pendant plusieurs années, qu’il a ensuite connu une période presque trop rangée, avant de retrouver finalement sa superbe.

Tout le monde à Chambéry connaît l’Hôtel de Morand. Une famille aristocrate locale s’y établit et lui donne son nom au XVIIe siècle. En 1786, après une cour longue de 6 ans, qui lui vaudra le surnom de «Madame Prudence», Françoise-Marguerite de Morand épouse le célèbre sénateur savoyard contre-révolutionnaire Joseph de Maistre, dont la statue trône sur la place du Château. Voilà pourquoi tous les Chambériens connaissent Madame de Morand et son hôtel. C’est peut-être aussi parce qu’avec son passage entre deux rues et ses ferronneries travaillées, il fait partie des visites du patrimoine de la ville. Ou encore parce que la Mairie de Chambéry y avait installé, au début des années 90, ses services du personnel. Ou simplement parce que, 20 ans plus tard, il a fait la Une de la presse régionale au moment de l’expulsion des squatteurs qui avaient investi ses étages désertés. Quoi qu’il en soit, tout le monde à Chambéry connaît l’Hôtel de Morand.

PASSER AU PRÉSENT

Quand Marie-Elisabeth s’y installe, en 2015, l’ensemble a été entièrement restauré. C’est Patrick Bellemin, marchand de biens, passionné d’histoire et d’antiquités, qui en a fait l’acquisition quelques années plus tôt. “Une poutre du XVIIe avait cédé, tout le bâtiment avait été évacué et abandonné depuis plus d’une décennie”, raconte-t-il. “Il fallait prévoir de gros travaux de structure, refaire des dalles, à la fois pour la solidité de la construction, mais aussi pour la sécurité incendie. Le tout en préservant les plafonds à la française, car les architectes des bâtiments de France nous imposaient de les conserver. C’était une rénovation extrêmement complexe et lourde, on a dû retirer près de 200 tonnes de gravats.” Avec l’aide de l’architecte Benoit Chambre, spécialisé dans la réhabilitation de bâtiments anciens, ils étudient les archives, retrouvent des plans vieux de quatre siècles, s’attellent “à faire revivre ce lieu, le faire revenir un peu comme à l’origine”. A l’origine, justement, le rez-de-chaussée abritait des boutiques de menuisier, cordonnier, serrurier et autres tourneurs. Madame de Morand, elle, occupait le deuxième étage et louait le reste de l’immeuble. Aujourd’hui, Marie-Elisabeth vit au premier. Ce qui frappe, pour un appartement de 180 m2 qui n’a pour horizon que les immeubles de l’autre côté de la rue ou les rideaux du voisin d’en face, sur la cour, c’est sa luminosité. Les immenses fenêtres -quatre dans le salon !- jouent parfaitement leur rôle, aidées par les hauts plafonds d’origine, dont les poutres apparentes structurent le vaste volume du salon. En suivant leurs lignes, on découvre d’ailleurs de charmantes imperfections : rares, en effet, sont les angles de cet appartement qui soient vraiment droits ! C’est l’avantage de l’ancien, rien n’y est standard.

MATCH DE VOÛTES

Deux traits singuliers finissent de dessiner la morphologie particulière de ce logement multi-centenaire. Dans la chambre principale, première surprise : une voûte en pierres, incrustée dans le mur au-dessus du lit. Elle laisse imaginer une ancienne ouverture sur le bâtiment mitoyen : “on parle de XVIIe, mais les bases sont certainement plus anciennes”, commente Patrick Bellemin, “dans le local à vélo au rez-de-chaussée, par exemple, il devait y avoir une cuisine, car il reste une énorme cheminée du XVe siècle !” Dans la petite chambre qui donne sur la rue et dans sa salle de bain attenante, deuxième surprise : des plafonds avec voûtes croisées d’ogive. A la place de ces pièces devait aussi se trouver une cuisine, dont le plafond en pierres aurait empêché la propagation du feu en cas d’incendie. C’est en tous cas l’hypothèse du marchand de biens. Vestige du passé également, le parquet de l’actuelle cuisine, presque-Versailles-mais-pas-tout-à-fait, ménage lui aussi ses effets : assemblé en carrés, ses diagonales ne sont pas entrelacées comme on les attendrait, mais les veines du noyer, aux teintes très contrastées, dessinent des motifs irréguliers et incroyablement modernes. Au siècle précédent, une cheminée réchauffait la pièce. Il n’en reste aujourd’hui que la dalle foyère -la plaque de pierre, scellée dans le sol, qui sert à protéger le parquet des projections de braise-, mais encore faut-il la deviner… Dans la plus pure tradition de Chambéry, ville du trompe-l’œil, Patrick Bellemin l’a peinte lui-même aux couleurs du bois. Marie-Elisabeth, elle, y a installé une déco sobre, pimentée par les pièces-souvenirs rapportées de ses années en Asie. C’est certainement ce qui a fait qu’elle se sente bien ici, car elle aussi a eu plusieurs vies…

+ d’infos : http://espaces-atypiques.com (en vente à Chambéry)

Photos : Lilian Chapel pour Espaces Atypiques

DESIGN : AARHOME

DESIGN : AARHOME

EXPERTS EN ART-MUR

Longtemps ringardisé, recouvert, voire carrément arraché, le papier peint refait le mur depuis quelques années. A Annecy, Aurélie Chazal en propose une version dépoussiérée, sur mesure et inspirée. Bref, la crème de la crème de lés.

Aurélie Chazal est une fille passionnée. Par l’architecture d’intérieur, les matériaux, les couleurs, mais aussi le ski et la communication visuelle. Cette dernière a guidé ses choix professionnels et l’amour de la glisse a poussé la jeune Ligérienne –habitante de la Loire– à quitter sa petite station de Chalmazel pour s’installer à Annecy. L’année dernière, elle change d’appartement et doit rénover la cuisine de son nouveau nid. C’est là que ses envies de déco refont surface. “Pour la crédence, je ne trouvais pas de vinyle avec des motifs qui me plaisaient, j’ai donc demandé à une copine directrice artistique de créer un motif et je l’ai fait imprimer par une entreprise locale. J’ai réalisé qu’on pouvait faire des choses jolies et pas trop chères.

En août 2021, elle décide alors de lancer Aarhome : des papiers peints sur mesure, imprimés en Rhône-Alpes, mais surtout créés par des artistes. “L’idée, c’est d’avoir un peu d’art chez soi, une œuvre dont on connaît l’auteur, dont on peut raconter l’histoire, et des motifs qu’on ne retrouvera pas partout.” La première à la suivre dans cette aventure, c’est son amie Sarah Buscail, basée à St Félix (74). “Je lui ai donné une direction, «maison du sud», et je lui ai dit : travaille comme si c’était un tableau, on redimensionnera.” Résultat : une fresque qui sent bon le thym et le laurier, entre sable et ocre, cyprès et oliviers. Les créations d’Elodie Flavenot, elles, sont très colorées, quand celles d’Hélène Hugues donnent dans le floral et le poétique. Designers textile, illustratrices et bientôt photographes, d’ici la fin de l’année, la communauté Aarhome comptera une douzaine de contributeurs, qu’Aurélie rémunère sur les ventes.

Pour aller jusqu’au bout de l’aventure, la trentenaire suit actuellement une formation en décoration d’intérieur. Il ne s’agit cependant pas, pour elle, d’entamer une reconversion. Aurélie fait partie de cette génération qui ne veut pas choisir entre ses différents talents, quitte, dans l’idéal, à les faire cohabiter dans son planning professionnel : communication visuelle le lundi, promotion de sa marque du mardi au jeudi, déco le vendredi… Une énergie à faire trembler les murs… ou à les rhabiller !

+ d’infos : http://aarhome.fr

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