ça m’énerve

ça m’énerve

Tête d’ampoule !

C’est l’heure de ma séance de fitness online, quand Barnabé déboule tout sanglotant : « Mamaaaan !!!! Sans faire exprès, j’ai joué au foot dans ma chambre et le ballon il a cassé mon panda!!! » Session cardio.

Le panda, c’est la seule veilleuse qui marche et qui l’endort, vendue seulement dans ces magasins où tu fais 10 bornes au bas mot avec un sac en plastique jaune moche accroché au bras, avant de trouver ce pour quoi tu es venu et dépensé 500 balles de trucs que t’as déjà. Et si je ne veux pas passer mes nuits à tuer des clowns tueurs à coup de pelle à sable, le choix est vite fait. Je prends Mbappé avec moi et direction le graal, c’est samedi, c’est bien, c’est calme.

Je me gare allée W place 72, ça présage une bonne mise en jambe avant d’atteindre l’entrée, maligne j’ai mis ma ceinture de sudation, histoire que le crime profite à tous. On n’a pas fait 20 mètres qu’il râle déjà, “c’est quand qu’on arrive, il est où Panda ?” Ça va être long. L’ascenseur est en panne, c’est l’instant cuissots, j’ai le bide serré version andouillette, si je ne laisse pas ma peau, on aura du bol. Je le traine, il chougne, ça me gonfle, c’est pas comme si j’avais autre chose à faire que de me frayer un chemin entre toute la population venue se divertir entre les housses de couette et les essoreuses à salade. Mon «sac» déborde, coussins, vase, breloques en tous genres et j’en passe, j’ai bien essayé d’y fourrer un tapis, mais c’est ballot, j’ai pas de charriot ! Ils sont au 1er et là on est au deuxième. Il faut redescendre, mais par l’autre côté, après avoir fait un jeu de piste à sens unique et rajouté 2 pots d’eau, un set pour bureau et un arrosoir en plastique jaune, parce qu’a priori, c’est mode. J’ai chaud, Barnabé s’accroche à ma jambe, il s’agace, on est deux, c’est le rayon peinture, il supplie mais faut pas déconner, on est là pour un panda et puis c’est tout. On atteint finalement le 1er , charriot, mugs, rideaux, tringle et jeté de lit, les lampes s’avancent et soudain, c’est le pied ! Panda nous voilà !!! Je le prends illico, il faut l’ampoule, non fournie, je pète un câble, je pose panda, je cherche, je charge et la lumière fut. Je crois que le p’tit craque, il pleure tellement que je ne comprends rien à son baragouinage, on va à la caisse, ou plutôt la queue, je pense à sortir mon bide pour griller tout le monde, mais j’peux point, je suis godiveau. Je paye ma blinde, je ruisselle et j’en peux plus quand soudain, il hurle qu’on a laissé son panda aux ampoules !!! AAAAHHH ! Tu me fais suer Barnabé, mets-la en veilleuse…

mon notaire, partenaire

mon notaire, partenaire

LA SCI EN PRATIQUE

La société civile immobilière est souvent considérée comme « LA » solution pour détenir son immobilier professionnel, voire de gérer son patrimoine immobilier, notamment locatif.

Excellent outil de transmission, la SCI permet aussi, par exemple, de donner progressivement des parts sociales à ses enfants, voire à ses petits-enfants, de manière à faire profiter au mieux des abattements sur les droits de donation qui se renouvellent tous les 15 ans : 100 000 € entre parents et enfants, et 31 865 € entre grands-parents et petits-enfants. Mais l’économie fiscale ne s’arrête pas là, car les parents peuvent donner la nue-propriété des parts à leurs enfants, en se réservant l’usufruit (c’est-à-dire qu’ils continuent à percevoir les loyers durant leur vie), ce qui leur permet d’en récupérer la pleine propriété sans droits de succession à payer lors de la succession.

D’autre part, la valeur des parts sociales transmises est différente de celle de l’immeuble, car le passif de la société est déduit. Et l’administration fiscale tolère une décote sur la valeur des parts sociales généralement à hauteur de 10 % qui doit être justifiée par l’absence de marché et les particularités des biens cédés. C’est un outil efficace à condition que les statuts aient été rédigés avec soin et que les associés respectent leurs obligations juridiques, fiscales et comptables.

Opération rédaction

Les statuts de la SCI peuvent être rédigés soit par acte sous seing privé, soit par acte authentique (c’est-à-dire rédigés par un notaire) notamment lorsque l’un des associés apporte un immeuble. Un avantage intéressant lorsque vous signez les statuts chez un notaire : il n’y a pas de compte bancaire à ouvrir pour le dépôt du capital social préalablement à la signature des statuts. En effet, les associés peuvent verser le capital social directement au notaire (seul professionnel du droit et du chiffre habilité à recevoir la capital social). C’est plus simple et plus rapide. L’accompagnement d’un professionnel permet aussi d’adapter les clauses des statuts à sa situation personnelle, et d’être conseillé dans le choix fiscal de la SCI (Impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés). Et une fois les statuts signés, le notaire pourra procéder à toutes les formalités (insertion dans un journal d’annonces légales, dépôt au greffe du tribunal de Commerce, immatriculation au RCS…)

Obligation comptable et suivi juridique

Il n’y a pas, pour les sociétés civiles, d’obligation de tenir une comptabilité (à l’exception des sociétés civiles immobilières ayant opté à l’impôt sur les sociétés, sociétés civiles qui réalisent des opérations de promotion). Mais les motivations qui justifient l’existence d’une comptabilité sont nombreuses : le gérant doit rendre compte de sa gestion, les associés doivent réaliser une déclaration de revenus foncières, et le compte courant est un élément central de la gestion fiscale de la SCI (preuve du suivi de l’évolution des comptes courants). La SCI nécessite donc une gestion comptable et un suivi juridique sérieux. Et elle doit tenir au moins une assemblée générale annuelle pour statuer sur les comptes, établir un procès-verbal qui doit être reporté sur le registre de la société. A défaut, il existe un risque que l’administration fiscale ne reconnaisse pas l’existence de cette société. La SCI peut alors être considérée comme fictive. Dans ce cas, la SCI est requalifiée en indivision. Et les intérêts de la SCI se sont alors envolés !

www.notaires.fr

SORTIES DE NEIGE

SORTIES DE NEIGE

VACANCES AUX SPORTS DIVERS

Enneigement incertain, stagnation, voire légère érosion de la fréquentation, pour s’adapter au changement climatique et à l’attente de la clientèle, les stations sont encouragées à se réinventer hors des pistes, pour proposer un tourisme de montagne plutôt que des vacances aux sports d’hiver.

La saison de ski 2018-2019, dernier hiver avant-covid, est l’une des plus belles depuis le début du millénaire : 52 millions de journées skieurs vendues pour 35% de clientèle étrangère1. Dans le top des destinations championnes, la France finit toujours, avec l’Autriche et les Etats-Unis, sur une des trois premières marches du podium. De quoi faire oublier les recommandations de la Cour des Comptes publiées un an plus tôt : “La pratique du ski tend à se réduire pour les nouvelles générations, et les touristes hivernaux mettent en concurrence la montagne avec des destinations moins onéreuses et climatiquement moins aléatoires. Dans ce contexte, les stations doivent à la fois rechercher une diversification mesurée de leur offre d’activités, voire une reconversion, et mieux accueillir les touristes2” .

Paret au Semnoz ©SavoieMontBlanc-Montico

TU SKIES OU TU SKIES PAS ?

Diversification ? Pour Jean-Marc Silva, Directeur de France Montagnes, l’organisme de promotion de la montagne française, elle a été initiée il y a longtemps. “En 1989, après une année sans neige, c’était déjà l’objet de la campagne «La montagne, ça vous gagne». Depuis cette période, les données sont les mêmes : un skieur utilise une dizaine de remontées au cours de sa journée de ski. Sauf qu’il y a 30 ans, pour le faire, il fallait démarrer à 9h et finir à 17h. Aujourd’hui, grâce aux performances de damages, au confort des remontées mécaniques, aux skis qui tournent tout seul, les 10 remontées, on les prend en une grosse de- mi-journée. On a donc créé du temps pour faire autre chose.” Partager, par exemple, des moments ou activités avec un décisionnaire-clé dans le choix de la destination hiver : “avant, on s’intéressait plutôt au skieur expert. Aujourd’hui, la personne importante, c’est celle qui ne skie pas ou peu. C’est elle qu’il faut convaincre si on ne veut pas perdre toute la tribu.

Plateau de Beauregard au-dessus du col de la Croix Fry ©SavoieMotnBlanc-Lansard

PROPOSITIONS DESCENTES

Depuis plusieurs années déjà, les stations rivalisent donc de propositions en dehors du ski, pour des expériences sportives ou contemplatives, gourmandes, créatives, de jour comme de nuit : faire du golf sur neige ou du snowbike électrique, se promener sur un sentier de land’Art, prendre l’apéro dans une télécabine ou dormir dans une dameuse… Boostée par le report des skieurs alpins privés de remontées mécaniques durant l’hiver 2020-2021, la pratique nordique apparaît, elle aussi, comme une alternative séduisante (+78% de journées skieurs vendues sur l’ensemble des domaines nordiques de Haute-Savoie – Chiffres Haute-Savoie Nordic), comme le sont les raquettes ou le ski de randonnée. En visant toujours plus «d’expériences», dans le Grand Massif, c’est carrément un plan triennal de diversification en 10 étapes qui a été lancé en juin dernier, à l’issue duquel l’offre du domaine devrait se voir étoffer d’un Mountain Kart, de la plus longue tyrolienne d’Europe et d’un cinéma immersif d’art contemporain.

©SavoieMontBlanc-Alban-Pernet

SUIVRE LA BONNE PISTE

Diversifier, les stations sont donc d’accord, mais pas au détriment de ce qui est encore leur cœur de métier et fait leur identité. “On ne peut pas opposer les activités”, s’emporte Alexis Bongard, directeur de Les Gets Tourisme. “Aujourd’hui, il y a des gens peu réalistes sur l’économie qui inventent certaines choses, pas vraiment viables, reprises par les médias pour faire de l’audimat : «le modèle des stations d’hier est fini, vive les stations de demain ! On va vivre avec de nouvelles activités, on va pouvoir diversifier, d’un claquement de doigts». Mais le modèle ski alpin/remontées mécaniques représente encore, aux Gets, 70% de notre économie ; il ne faut donc pas oublier d’investir et de travailler dans ce sens-là. On ne peut pas dire, du jour au lendemain, on va changer. Ce sont des effets d’annonce qui ne correspondent pas à la réalité. Les modèles ne s’opposent pas, ils se transforment. On ne vivra pas en ne faisant que de la raquette à neige et du ski de rando, c’est impossible. Pour être une destination touristique complète et intéressante, il faut avoir le ski PLUS le reste. Le modèle de base nous porte encore, on le transforme progressivement, mais il n’est pas terminé.”

1. Rapport international sur le tourisme de neige et la saison de ski 2018-19 – Laurent Vanat – Avril 2020
2. «Les stations de ski des Alpes du nord face au réchauffement climatique : une vulnérabilité croissante, le besoin d’un nouveau modèle de développement» – Rapport public annuel 2018 – février 2018

DROUZIN-LE-MONT – COL DU CORBIER, Une vie après le tout-ski

En 2012, quand la société propriétaire des remontées mécaniques se désengage de la station de Drouzin-le-Mont, la commune du Biot (74) décide de transformer le domaine skiable en un espace ludique intégrant, été comme hiver, des activités dites de «montagne douce». 7 ans et 2 millions d’investissement plus tard, elle commence officiellement sa nouvelle vie : plus aucune remontée mécanique, mais un tapis roulant pour débutants et amateurs de luge ; des anciennes pistes, damées et balisées pour le ski de rando, la raquette ou le ski de fond ; un restaurant communal et une retenue collinaire pour la neige de culture.
Nous rendons la montagne naturelle aux utilisateurs”, se félicite Henri-Victor Tournier, maire du Biot, “il n’y a plus de câble de téléphérique au-dessus de leur tête ! Nous allons ensuite étendre le concept de montagne douce à toute la commune, faire des jeux pour enfants et une pumptrack (piste de VTT) dans le bas du village, des travaux d’aménagement pour la pratique du biathlon et proposer également des hébergements insolites, dans les arbres. » Question fréquentation, les débuts sont encourageants, même si “les chiffres sont faussés”, reconnaît-il, “pendant les deux hivers «covid», les moniteurs des stations voisines des Portes du Soleil, dont les domaines étaient fermés, sont venus avec leurs clients sur le tapis (seule installation payante, donc outil de mesure)”. 2021 sera donc la première année d’exploitation en conditions réelles de la petite station. Sa renaissance devrait être ensuite définitivement actée par la récupération de son nom d’origine : «Le Col du Corbier».

MONTAGNE : OPEN BAR ?

MONTAGNE : OPEN BAR ?

FORFAIT ANNUEL AUX ARCS

Se présentant comme un futur incontournable pour beaucoup de stations de sports d’hiver, le tourisme quatre saisons est un positionnement déjà clairement ciblé par les Arcs, en Savoie.


Intégrée à Paradiski, l’un des plus grands domaines skiables français, la station joue sur 4 altitudes : 1600, 1800, 1950 et 2000. Grâce à un funiculaire aérien créé en 1989 et refait depuis, le domaine est accessible en 7 minutes depuis la gare de Bourg-Saint-Maurice, terminus des trains grandes lignes. Ça aide aussi…
Façonnés par des visionnaires dès la fin des années 60, les anciens alpages sont ainsi devenus un haut lieu du tourisme d’hiver, qui concentre aujourd’hui 75% de l’activité de la station. Mais pour s’extraire de cette dépendance saisonnière et s’inscrire dans «une démarche de développement responsable et de tourisme durable», Bourg-Saint-Maurice – Les Arcs vise à se positionner comme «LA destination Outdoor 4 saisons». Les prétentions sont ainsi clairement affichées.

ATOUT(E)S SAISONS

Président de l’OT et adjoint au maire, Laurent Chelle s’explique : “Cette orientation forte voulue par la municipalité actuelle est facilitée par les choix d’élus qui, depuis des années, nous ont mieux préparés à faire cette transition. L’étendue et la diversité naturelle du territoire nous permettront aussi, plus vite que d’autres, de passer à cette économie du toutes saisons et de nous inscrire comme la toute première station européenne offrant une expérience d’outdoor à l’année. En plus des historiques festivals de cinéma et de musique, nous créons des temps forts attractifs à différentes périodes : l’Xplore Alpes Festival en automne, le nouvel événement We are Outdoor au printemps prochain, une offre Outdoor multi-saisons à Bourg-Saint-Maurice sur le modèle de Hero Les Arcs, etc…”

VERS LE VERT

La démarche s’accompagne d’une attention accrue au développement durable. Pour éviter la course aux nouveaux lits, qui augmenterait la capacité d’accueil en hiver, la commune a ainsi décidé d’un moratoire sur les nouvelles constructions. Elle entend également «aider tous les projets qui visent à rénover le patrimoine dans un cadre environnemental» et prend notamment pour référence Zéro Artificialisation Nette qui demande aux territoires de baisser de 50%, d’ici à la fin de la décennie, le rythme d’artificialisation et de consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers. “Et la station des Arcs est la première à avoir obtenu le label Flocon Vert, garantissant son engagement durable”, souligne Laurent Chelle. Le tourisme de neige aux Arcs reprendrait-il peu à peu la couleur de ses anciens alpages ?

Photo : Merci89

MONTAGNE ? OPEN BAR

MONTAGNE ? OPEN BAR

Y’A PLUS DE SAISONS !

Pour anticiper sur un avenir compliqué, en plus de la diversification de leurs activités, les stations sont incitées à imaginer une offre à l’année. Mais les quatre saisons, si c’est bien sur une pizza ou en musique classique, dans un cadre touristique, est-ce que ça s’applique ?

En conclusion de son rapport de 2018*, la Cour des Comptes préconise une transition des stations vers un tourisme «mieux réparti entre les saisons». Mais depuis quelques années déjà, le concept de «quatre saisons» et l’idée d’attirer une clientèle à l’année imprègnent les communications officielles. Dans le cadre du Plan Montagne, présenté en septembre par la région Rhône-Alpes-Auvergne, une enveloppe de 15 millions d’euros y est d’ailleurs consacrée. “C’est une volonté politique. Mais l’or blanc est un marché de masse, et on ne va pas trouver quatre marchés de masse, quatre vaches à lait sur quatre saisons”, constate François Gauthier, Président pour Rhône-Alpes de la commission hôtels du Groupement National des Indépendants Hôtellerie-Restauration, lui-même basé en Haute-Savoie. “Pour les stations qui vivent à l’année, il y a déjà l’embryon de quelque chose, comme à Megève, St Gervais, Chamonix. Mais quid de la Savoie et de ses stations d’altitude ?

TENDANCES PRINTEMPS-ÉTÉ- AUTOMNE-HIVER

Avec ses destinations haut perchées, comme Val Thorens (2300 m), les Ménuires (1850) ou Méribel (1500), le domaine savoyard des Trois Vallées, justement, est gonflé à bloc. La communication «terrain de jeu à l’année» sur le dossier de presse hiver 2020-21, ou la nouvelle mouture du site internet, qui promeut la cueillette de champignons, le brame du cerf ou la descente des alpages, ne laissent aucune place au doute. “Depuis maintenant un an, c’est notre ambition, une volonté stratégique forte”, confirme Olivier Desaulty, directeur général de l’association des Trois Vallées. “Nous n’avons jamais été très bons dans la manière de communiquer sur l’été, mais maintenant nous allons aussi parler du printemps et de l’automne, parce qu’il y a tellement de choses à faire en dehors de la saison de ski qu’on ne va plus se cantonner à l’ouverture et la fermeture des remontées mécaniques. Il y a des professionnels qui sont prêts à jouer le jeu, il faut qu’on arrive à ouvrir -mais on y arrivera- le nombre de services qui convient pour nos clients : supermarché, boulangerie, pharmacie… On a la volonté d’avancer dans ce sens-là.

Première neige au lac de Tueda, Méribel / ©Sylvain Aymoz

OUVERTURE FACILE ?

Pourtant, même les stations dites «villages», qui ont une vie à l’année, reconnaissent qu’avant de penser quatre saisons, il faut se concentrer sur deux. Elles essaient, pour commencer, de motiver leurs socio-professionnels à allonger l’été, à rester ouverts de la fin du printemps au début de l’automne. “Les locaux font du vélo ou du trail, ils sont donc à l’initiative d’événements qui font vivre le village, avec des résidents secondaires très présents sur ces périodes, en week-end de 2-3 jours ou petits ponts”, constate Guy Magand, directeur de l’Office de Tourisme des Contamines-Montjoie. “Cette année, nous avons également organisé un petit événement pour booster le village sur la deuxième semaine des vacances de Toussaint, on a eu des demandes de toute la France, mais en arrivant, les gens ont été surpris de ne trouver que quelques commerces ouverts. Il y a encore une grosse inertie des professionnels. Ils sont prêts à faire un peu plus l’été, mais ne se projettent pas à l’année.

CHANGEMENT DE RYTHME

Parce qu’en plus des questions de rentabilité qu’implique, pour les commerçants ou restaurateurs, une ouverture sur des périodes moins fréquentées, le rythme saisonnier est profondément ancré dans la vie des stations. “Nous sommes ouverts jusqu’à mi-avril l’hiver”, explique Alexis Bongard, directeur de Les Gets Tourisme. “Mais nous avons besoin de couper au mois de mai (ndlr : pour l’entretien des domaines et des établissements, les congés…). Par contre, dans l’avenir, nous avons l’objectif d’aller jusqu’à fin septembre, voire fin octobre, après les vacances de Toussaint, parce qu’on a de magnifiques forêts et de beaux étés indiens, propices à l’outdoor. Ce serait même assez vertueux, parce que plutôt que d’aller rechercher des clients pour des vacances d’hiver, où on a une forme de saturation et des prix élevés, on pourrait proposer un étalement des clientèles, donc un service de meilleure qualité, moins de monde, moins de stress et de meilleurs tarifs. L’autre vertu de ce fonctionnement, c’est qu’on fidélise notre staff, avec des contrats annualisés au lieu de saisonniers. Ça re-crée de la vie locale sur les sites touristiques. Si on arrive à faire ça, on a bouclé la boucle.

Slack That Festival – Juin 2021 /© Les Contamines Tourisme

CHOIX DE VIE

Au-delà d’un fonctionnement touristique, il s’agit donc bien d’enclencher un cercle vertueux, en ramenant des habitants dans des endroits où la population fond comme la neige à chaque fin d’hiver. “Je crois qu’en Haute-Savoie par exemple, le CEVA est une réelle épine dorsale, qui, avec les transports valléens, le développement du télétravail et la recherche d’une certaine qualité de vie, peut attirer une nouvelle population, développer une vie à l’année dans les stations”, conclut François Gauthier. “C’est le cas, à Cran-Montana par exemple, où vivent beaucoup de gens qui travaillent à Genève. On est capable d’attirer les gens sur un choix de vie. Dans les années 70, quand nous nous sommes installés ici, mon père était le seul gastro-entérologue du département, aujourd’hui, ils sont plus de 250. Un effort colossal a été fait à l’époque, et nous aurons le même à faire dans les années à venir.

Photo : Sylvain Aymoz / Vue sur le Grand Bec, en Vanoise.

*«Les stations de ski des Alpes du Nord face au réchauffement climatique : une vulnérabilité croissante, le besoin d’un nouveau modèle de développement» Rapport public annuel 2018 – février 2018

DÉMONTÉES MÉCANIQUES

DÉMONTÉES MÉCANIQUES

PYLÔNES À LA BENNE

Tout usager respectueux de la montagne le sait : que l’on randonne, que l’on vole ou que l’on glisse, on repart avec ses déchets, on ne laisse rien derrière soi. Mais un vieux pylône ou une gare de téléski, ça ne se glisse pas facilement dans un sac à dos…

Septembre 2021 – Presque 60 ans après sa mise en service, le téléski du Crêt, à St-Jean-de-Sixt, range ses cinq pylônes. Manque de neige, obsolescence de l’installation, niveau de difficulté trop élevé pour les débutants qui venaient s’essayer là… il avait définitivement fermé en 2017. Avec le fil neige -qui lui survit- et les trois hébergements touristiques du lieu-dit, l’équipement constituait toute l’offre ski de la commune, sans qu’elle ne devienne jamais une station pour autant. Mais les pentes du Crêt permettait à tous les enfants du coin de venir se faire les spatules avant d’aller glisser plus loin. Il aurait pu rester là, vestige d’une époque devenu élément du paysage, ses poulies s’oxydant tranquillement avec le temps. Mais le démontage des installations à l’abandon fait maintenant partie des 16 éco-engagements dévoilés en novembre 2020 par Domaines Skiables de France (DSF), la chambre professionnelle des remontées mécaniques.

DÉMONTAGNÉE

Des installations obsolètes, DSF en démonte plusieurs dizaines par an, “mais personne n’en parle”, précise Laurent Reynaud, délégué général du syndicat, “parce qu’en gestionnaire avisé, nous remplaçons simplement d’anciens appareils par d’autres plus performants. Et si nous démontons 70 remontées mécaniques chaque année, nous en re-construisons une cinquantaine. En France, leur nombre total baisse donc régulièrement, mais la capacité de transport, elle, ne baisse pas. Ce qui est nouveau ici, c’est que nous venons donner un coup de main sur un appareil qui n’est pas le nôtre, un domaine que nous n’exploitons pas.

Si les collectivités exploitantes, souvent des petites communes comme St-Jean-de-Sixt, n’ont pas les moyens techniques de mener ces opérations, elles ne sont pas complexes. “On démonte les boulons et on enlève les pylônes”, résume Laurent Reynaud, “le plus compliqué, c’est d’obtenir les autorisations : que la commune accepte que l’installation ne soit plus jamais remise en service, que le propriétaire du terrain donne son accord pour que des engins de chantier puissent intervenir et qu’on arrive à organiser un tour de table financier, ou avec des mises à disposition de personnel, pour que ce démontage puisse réellement se faire, car il coûte toujours un peu d’argent.” 30 000€ dans le cas du Crêt, financés par les trois sociétés de remontées mécaniques du massif des Aravis (la SATELC de La Clusaz, Labellemontagne Manigod et la SAEM du Grand Bornand), qui ont associé leurs moyens à ceux de Poma, pour l’équipement de découpage, et Excoffier Recyclage pour l’évacuation des déchets. Toutes les pièces de l’ancien téléski seront recyclées, certaines parties des pylônes, par exemple, seront utilisées pour des travaux de drainage.

Démontage à St-Jean-de-Sixt / Photo : Alternative Media

CHASSE AUX FANTÔMES

Pour préparer ces opérations, ce sont les membres de l’association des anciens exploitants des domaines skiables (AMITEL) qui sillonnent les massifs et repèrent les fantômes, ces appareils délaissés. Il y en aurait actuellement une cinquantaine en France. DSF s’engage, pour 2023, à en démonter trois par an, sous l’œil vigilant de Moutain Wilderness. “C’est vraiment une très bonne nouvelle”, commente Fiona Mille, présidente de l’association, “ça fait 20 ans qu’on a lancé notre campagne «installations obsolètes» (ndlr : depuis 2001, les bénévoles de Mountain Wilderness ont mené 68 chantiers de démantèlement d’installations liées au ski, mais aussi au sport ou installations militaires), notre objectif, c’est évidemment de les démanteler, mais aussi de sensibiliser les acteurs à penser l’avenir de leur aménagement une fois qu’il n’est plus utilisé.

Une exigence traduite depuis 2016 dans la loi Montagne II, qui conditionne la délivrance d’une autorisation de travaux à l’obligation de démontage et de remise en état, dans un délai de trois ans à compter de l’arrêt définitif des remontées mécaniques. Mais cette condition ne s’applique qu’aux nouvelles remontées, installées depuis la promulgation de la loi. Elle ne concerne donc ni les remontées existantes, ni celles déjà abandonnées. “Compte tenu de la durée de vie normale d’une remontée mécanique” (30 ans), précise Moutain Wilderness dans son décryptage, “pour voir les démontages découlant de l’application de cet article, il faudrait attendre 2047…”.

Photo Emilien Maulave

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