mon notaire, mon partenaire

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AÏE, MON LOGEMENT EST UNE PASSOIRE THERMIQUE !

« Nous faisons aujourd’hui entrer l’écologie dans la vie des Français” a ainsi commenté Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, suite à l’adoption de la Loi « climat et résilience » du 22 août 2021. Les quelque 300 articles de cette loi touchent tous les domaines de la vie quotidienne et notamment le logement.

Afin de satisfaire l’objectif de disposer, à l’horizon 2025, d’un parc de bâtiments sobres en énergie et faiblement émetteurs de gaz à effet de serre, la loi «Climat et Résilience» modifie sensiblement les règles applicables aux logements extrêmement consommateurs d’énergie.
Pour ce faire, elle s’appuie sur le diagnostic de performance énergétique (DPE) et classe les logements dans une catégorie allant de A (extrêmement performant) à G (extrêmement peu performant). Ces étiquettes permettent de qualifier juridiquement les logements désignés au grand public comme «passoires énergétiques». S’agissant des logements du parc locatif, seront progressivement concernés ceux relevant des classes F et G, puis à terme ceux de la classe E.

UN DIAGNOSTIC REMANIÉ

Afin d’être plus fiable et plus juste, le mode de calcul du DPE a été revu. Il n’est plus effectué sur la base des factures de consommation, mais sur toutes les caractéristiques du logement : chauffage, isolation, consommations auxiliaires, éclairages, localisation, etc… De plus, le DPE s’enrichit de nouvelles informations telles que le confort d’été, la ventilation ou les déperditions thermiques.

LES ANCIENS DPE SONT-ILS VALABLES ?

Les DPE réalisés entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2017 restent valables jusqu’au 31 décembre 2022. Quant à ceux réalisés entre le 1er janvier 2018 et le 30 juin 2021, ils le seront jusqu’au 31 décembre 2024. Se basant sur le DPE, la loi «Climat et Résiliance» instaure de nombreuses restrictions sur les bailleurs, propriétaires de passoires thermiques.

INCIDENCES SUR LES LOYERS

La hausse des loyers des logements classés F ou G est interdite, tant qu’ils conservent ce statut de passoires thermiques. Cette interdiction vise les nouvelles locations, le renouvellement du contrat de location et concerne également les logements meublés soumis aux dispositions de la loi du 6 juillet 1989 (art.25-3). L’ensemble de ces dispositions ne s’appliquent qu’aux contrats de location conclus, renouvelés ou tacitement reconduits un an après l’entrée en vigueur de la loi.

INCIDENCES SUR LA MISE EN LOCATION

La loi va plus loin et prévoit une interdiction de mise en location des logements E, F et G, qui s’appliquera progressivement. Au 1er janvier 2025, les logements classés G, au 1er janvier 2028 les logements classés F, et au 1er janvier 2034 les logements classés E seront interdits à la location, considérés comme non décents eu égard à leur niveau de performance énergétique. Dans le même sens, afin de faciliter et d’accompagner les travaux d’amélioration de la performance énergétique du logement, ainsi que l’installation d’équipements de contrôle et de gestion active de l’énergie, le législateur crée le « carnet d’information des logements » à compter du 1er janvier 2023, établi lors de la construction d’un logement, ou à l’occasion de la réalisation de travaux de rénovation d’un logement existant ayant une incidence significative sur sa performance énergétique. La transmission de ce carnet d’information lors de toute mutation du logement sera obligatoire, au plus tard à la date de signature de l’acte authentique.

+ d’infos : http://notaires.fr

©Ronstik

ça m’énerve

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Tête d’ampoule !

C’est l’heure de ma séance de fitness online, quand Barnabé déboule tout sanglotant : « Mamaaaan !!!! Sans faire exprès, j’ai joué au foot dans ma chambre et le ballon il a cassé mon panda!!! » Session cardio.

Le panda, c’est la seule veilleuse qui marche et qui l’endort, vendue seulement dans ces magasins où tu fais 10 bornes au bas mot avec un sac en plastique jaune moche accroché au bras, avant de trouver ce pour quoi tu es venu et dépensé 500 balles de trucs que t’as déjà. Et si je ne veux pas passer mes nuits à tuer des clowns tueurs à coup de pelle à sable, le choix est vite fait. Je prends Mbappé avec moi et direction le graal, c’est samedi, c’est bien, c’est calme.

Je me gare allée W place 72, ça présage une bonne mise en jambe avant d’atteindre l’entrée, maligne j’ai mis ma ceinture de sudation, histoire que le crime profite à tous. On n’a pas fait 20 mètres qu’il râle déjà, “c’est quand qu’on arrive, il est où Panda ?” Ça va être long. L’ascenseur est en panne, c’est l’instant cuissots, j’ai le bide serré version andouillette, si je ne laisse pas ma peau, on aura du bol. Je le traine, il chougne, ça me gonfle, c’est pas comme si j’avais autre chose à faire que de me frayer un chemin entre toute la population venue se divertir entre les housses de couette et les essoreuses à salade. Mon «sac» déborde, coussins, vase, breloques en tous genres et j’en passe, j’ai bien essayé d’y fourrer un tapis, mais c’est ballot, j’ai pas de charriot ! Ils sont au 1er et là on est au deuxième. Il faut redescendre, mais par l’autre côté, après avoir fait un jeu de piste à sens unique et rajouté 2 pots d’eau, un set pour bureau et un arrosoir en plastique jaune, parce qu’a priori, c’est mode. J’ai chaud, Barnabé s’accroche à ma jambe, il s’agace, on est deux, c’est le rayon peinture, il supplie mais faut pas déconner, on est là pour un panda et puis c’est tout. On atteint finalement le 1er , charriot, mugs, rideaux, tringle et jeté de lit, les lampes s’avancent et soudain, c’est le pied ! Panda nous voilà !!! Je le prends illico, il faut l’ampoule, non fournie, je pète un câble, je pose panda, je cherche, je charge et la lumière fut. Je crois que le p’tit craque, il pleure tellement que je ne comprends rien à son baragouinage, on va à la caisse, ou plutôt la queue, je pense à sortir mon bide pour griller tout le monde, mais j’peux point, je suis godiveau. Je paye ma blinde, je ruisselle et j’en peux plus quand soudain, il hurle qu’on a laissé son panda aux ampoules !!! AAAAHHH ! Tu me fais suer Barnabé, mets-la en veilleuse…

ça m’énerve

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Restons positifs !

Excitée comme une gosse de 12 ans devant Justin Bieber, je suis à J-3 du bikini pompelup et des churros à l’huile, quand WhatsApp s’emballe : « maman, mamaaaann !!!!! Papa a le covid !»

Justin Bieber a soudain pris les traits de Demis Roussos, bye bye le string paillettes et bonjour l’angoisse ! Quand mon ado prend ce ton solennel, ça craint. Je devais le récupérer avec son frère, vendredi chez leur père, mais là, je fonce. «On est tous cas contacts…», aaaahhh, sauvez Willy, je me badigeonne de gel, masquée jusqu’au front, je les sors de ce guêpier, 3 PCR et on part se dorer la pilule au soleil. Oui, mais non. Au téléphone, Monsieur Stop Covid n’est pas d’accord. «Madame, vous récupérez vos enfants, vous faites les tests et vous vous isolez 7 jours. A l’issue, vous refaites les tests et si tout est négatif, vous pouvez partir.» Quoiiii ???? Mais ce n’est pas possible, et mes vacances ??? J’ai bossé comme une malade, 3 ans que je ne les ai emmenés nulle part et là on me coupe l’herbe sous le pied ? J’ai comme des envies de meurtre !! Depuis le temps que je lui dis de faire gaffe !!! Il sort, il bringue, il oublie, il flirte, il tripote des lèvres pas propres et voilà le résultat !!! Il n’aurait pas pu choper l’herpès à la place !!!! Mais à quoi bon, ça ne changera pas l’problème. J’appelle l’hôtel, j’ai pris une assurance Covid, je crois que j’ai eu du nez, si je peux au moins éviter de me soulager de 1500 balles… Josiane du Palace de la Belle Bleue décroche, j’explique, elle déballe : «Oh mais comme je suis navrée pour vous, madame. Mais qui est malade exactement ?» Je répète. «Ah oui, mais non. Il faut que ce soit vous, sinon ça ne fonctionne pas.» Quoi ???? Mais vous comprenez bien que si je suis cas contact, je ne peux pas venir ? «Oui, évidemment. On ne vous laissera pas entrer, manquerait plus que ça.» Vous vous moquez de moi, Josiane ? A quoi sert de payer une assurance si elle ne marche pas ? Hein ???? Il faut que j’aille lécher la pomme de mon ex et espérer une contamination subite pour me faire rembourser ? Plutôt mourir !!! Vous êtes sérieuse pour de vrai ou vous êtes stupide tout court ? «Inutile de vous en prendre à moi, vous n’aviez qu’à lire le contrat correctement. Je suis désolée Madame, cas contact, ce n’est pas dans les clauses. Soit, vous avez l’Covid et c’est bon, sinon, je ne peux rien faire pour vous. Et vu la liste d’attente, autant vous dire que ça va faire des heureux.» La peste ! La mort dans l’âme, j’annule et je file récupérer mes enfants. La porte s’ouvre, ils sont heureux, le labo s’est trompé, c’était un faux positif, papa est soulagé. Pas pour longtemps…

ça m’énerve

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c’est pas du gâteau !

« Mamaaaaaan j’ai faim !!! C’est 4 heures !!!! » C’est fou comme ils arrivent toujours pile, comme si 15 minutes plus tard, l’hypoglycémie allait les attaquer! Aujourd’hui, Galaad est là pour le goûter, alors, c’est double ration.

Non, nous ne faisons pas de jeux de rôle pour apprendre le Moyen Age. Vous m’avez bien regardée ? Je suis plutôt «tuto vite fait» que légende d’Excalibur pour réviser !! Galaaaad (avec 15 A), c’est le fils de ma voisine. Charlotte qu’elle s’appelle, je l’aime pas. C’est le genre de bonne femme qui donne un nom de chevalier de la table ronde à sa progéniture, parce que déjà, même pas accouché, ça fait bien. Il sort, il est intelligent, vaillant et courageux. Il est obéissant, fidèle à la légende, pas un mot plus haut que l’autre, sinon, popopo, au bûcher, il a même la raie sur le côté, c’est pour dire ! Alors pauvre gosse, il écoute, tu parles !!!
Ce jour-là, mes fils ouvrent le graal. Dans le tiroir, que des cochonneries !!! Chocolat, biscuits, bonbons, gaufrettes, madeleines et j’en passe, tout y est pour plaire à mes petits écoliers. Quand soudain, un coup de tonnerre s’abat sur l’orgie : “Moi je ne mange que les gâteaux faits maison !” Nianiania !!!! Ça va l’enfant roi, ouais ???? C’est fou comme même un gamin de 8 ans peut réussir en moins de deux à me foutre les boules, sur le sapin, il va sans dire ! (Ouais, ben moi, j’suis pas ta mère, je bosse, figure-toi !!! J’ai pas que ça à faire que de me prendre pour une pâtissière !!!) Mais je me tais. Je pense à Florence Foresti et je serre les dents avec le sourire, en imaginant mes doigts enfoncés dans les yeux de biche de Charlotte. Aaaahhh… ces mères parfaites, toujours prêtes à tout ! Et on en parle du matin quand t’arrives, le survet par-dessus les bottes, le chignon de biais et l’œil qui pleure et qu’elles sont fraîches comme des tanches et IM-PECC-ABLES ??!!! Brush, manucure, talons, taille de guêpe et rimmel au poil, même leur langage est assorti… Tandis que «Barnabééééé, mets ton anorak, j’te dis !!!» m’échappe pour la 6e fois en hurlant, elles récitent Dolto à la lettre et hop, le tour est joué ! Du coup, j’ai voulu tenter le diable et être une bonne mère moi aussi. Des fois que, sur un malentendu, j’arrête le prozac. Le lendemain, je me suis levée à 6 heures, Bree Vandekamp power. Farine, œufs, lait, petite pincée de cannelle et poêle huilée, j’ai fait sauter des crêpes, histoire, de m’la péter, d’avoir des enfants bien élevés et de mettre Charlotte aux fraises… Quand je les ai entendus arriver en criant, l’odeur plein le nez et les yeux en appétit : «Mamaaaaan t’as fait des crêpes??? Ah mais t’es vraiment la meilleure des meilleures mamans du monde tu sais!!!! Mais attends… T’es sérieuse??? T’as plus de Nutella???? Ben du coup…. Ça va être compliqué, là…»
Ci-git Louis XVI réincarné.

un mythe, De Gaulle

un mythe, De Gaulle

DE GAULLE, LOVER-DOSE

130E ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE, 80E DE L’APPEL DU 18 JUIN, ET 50E DE SA MORT. A MOINS DE RESTER CONFINÉ AU FOND DE VOTRE CAVE, DIFFICILE D’ÉCHAPPER À LA TRIPLE COMMÉMORATION GAULLIENNE DE L’ANNÉE 2020 ET AU DÉFILÉ DES GROUPIES DU GRAND CHARLES.

PAR EMMANUEL ALLAIT

Inutile de faire l’Appel en effet, ce serait trop long. Car tous, de la gauche à la droite, se réclament du mythe, dans une surenchère pathétique. De Mélenchon à Le Pen, en passant par Macron, Philippot ou Morano, du plus haut dirigeant jusqu’au plus obscur élu local, le virus de la gaullomania se propage dans la classe politique plus vite que le Covid dans un Ehpad.

UN MYTHE ERRANT

Squattant les médias, et ne craignant pas d’enfiler des habits trop grands pour eux, ils répètent à l’envi “De Gaulle ! De Gaulle !”, en sautant sur leur chaise comme des cabris, espérant faire rejaillir sur eux-mêmes un peu de la gloire du personnage. Entre ceux qui, tels des robots, taxent De Gaulle d’oracle, et chantent sa gloire, “il traverse tout l’univers, aussi vite que la lumière”, et ceux qui vont ramper sur sa tombe à Colombey comme les jeunes femmes vont se frotter sur celle de Victor Noir au Père-Lachaise, c’est à celui qui prétendra être le véritable détenteur des morceaux de la sainte croix de Lorraine. Toutes les ficelles sont bonnes pour espérer appartenir au Gaulle Gotha, même les plus grosses cordes, comme celles qu’utilise Marine Le Pen, alors que le Rassemblement National est, idéologiquement et historiquement, anti gaulliste. Tu parles, Charles, on entre dans le Panthéon gaulliste comme dans un (Jean) Moulin ! Au grand dam de l’historien anglais Julian Jackson, auteur en 2019 d’une magistrale biographie du général, « De Gaulle. Une certaine idée de la France ». “Ça ne veut plus rien dire, tout le monde se revendique de De Gaulle, tout le monde veut le tirer à lui… Ça me désole !”.

HOMO MICRO

Si tout un chacun invoque les mânes du grand Charles, et se dispute sa dépouille, c’est parce qu’il est le phare glorieux de l’histoire de France, sur lequel on a le plus écrit, après Napoléon. Pour les jeunes générations, qui ont raté trois mois de cours d’histoire pour cause de confinement et qui ont débarqué en juin, rappelons que De Gaulle n’est pas seulement un aéroport ou un porte-avions. Mais qu’il est le grand ohm de la résistance, pendant que d’autres soignaient leur foi(e) en l’Allemagne à Vichy. Ah Pétain, il ne l’a pas fait « marrer Charles » ! Un mythe, né au micro de la BBC un 18 juin 1940, à 50 ans. « Résiste, prouve que tu existes ! », a alors lancé depuis Londres le général de Gall, tel un Berger à son troupeau. Sacrés Charles mânes !
Mais être un mythe n’empêche pas le regard distancié. Il serait temps, en 2020, de sortir enfin de l’hagiographie. Car notre héros national, qui a sauvé l’honneur du pays, fondé une république, et redonné une certaine place à la France dans le monde, est aussi un homme, mêlant failles et génie politique. Un décolonisateur, mais qui a lâché l’Algérie (et les Harkis) en continuant la guerre pendant 4 ans. Un défenseur du Tiers-Monde, mais qui a organisé la « Françafrique», ce lien incestueux entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique noire. Un visionnaire, mais qui n’a rien compris à mai 68. Un caractère brutal, très dur avec les autres et avec lui-même. Il ne s’agit pas de déboulonner la statue du commandeur, même si l’opération semble à la mode en ce moment. Mais d’en brosser un portrait plus nuancé.

ET SI LE GAULLISME NE VALÉRIEN ?

Dans ces conditions, pourquoi continuer à prendre pour idole et modèle politique un type qui est né au XIXe siècle, en 1890, un an après l’inauguration de la Tour Eiffel ? Pour ses idées ? Un proche du général, cité par Julian Jackson, aurait évoqué la “vacuité idéologique du gaullisme, une posture, non une doctrine, une attitude, non un ensemble cohérent de dogmes, un style sans beaucoup de substance”. Un brin provocateur, certes. Mais il est vrai que De Gaulle, d’après l’historien britannique, ne s’est jamais affirmé comme gaulliste. Il n’aimait pas ce mot. Pour la raison très simple qu’il n’était pas un idéologue, mais un pragmatique. Bien sûr, quelques grandes idées structurent la pensée, comme l’indépendance de la France ou le rôle de l’Etat. Mais rien n’était figé. Tout pouvait évoluer en fonction des circonstances. Cela n’a donc guère de sens de se revendiquer « gaulliste » en 2020. A moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une banale nostalgie, celle des Trente Glorieuses, quand la France pesait quelque chose dans le monde, entre Est et Ouest, entre Nord et Sud. Nos politiques devraient donc faire preuve d’un peu plus d’imagination pour jazzer avec leurs électeurs, au lieu de nous sortir Charlie par cœur.

le monde d’après

le monde d’après

ON PROFESSE EN L’AIR !

APRÈS AVOIR EFFECTUÉ LE DÉCOMPTE MACABRE DES MORTS DU CORONAVIRUS PENDANT DES SEMAINES, LES MÉDIAS POST CONFINEMENT SE FOCALISENT DÉSORMAIS SUR CE QUE SERA LE « MONDE D’APRÈS » EN SE PLONGEANT AVEC ANGOISSE DANS LEUR BOULE DE CRISTAL. UN NOUVEAU VIRUS SE RÉPAND : CELUI DE LA DIVINATION.

Raymond Devos, dans son fameux sketch «Parler pour ne rien dire», nous avait pourtant prévenus ! “Moi quand je n’ai rien à dire, je veux qu’on le sache ! Je veux en faire profiter les autres ! (…) Et si vous n’avez rien à dire, eh bien on en parle, on en discute !

PAROLES, PAROLES

Ainsi, depuis plusieurs semaines, politiques, scientifiques, économistes, mais aussi artistes, sportifs, people, en fidèles disciples de l’humoriste belge, se sentent obligés de débiter à des médias impatients leurs scenarii sur ce que sera le monde post covid-19. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à livrer leurs «auspices» pour «Ehpad-er» la galerie. Début mai, ce sont ainsi 200 personnalités qui ont lancé, dans le journal Le Monde, un appel pour «le monde d’après». On en vient à se demander si ces «Madame Irma» et autres songe-creux qui squattent les plateaux des chaînes d’infos et se répandent en tribunes dans la presse, ne deviendraient pas plus nombreux que les victimes de la pandémie ! Sur quoi appuient-ils leur réflexion ? Nul ne le sait vraiment. Ces prédictions doctement assénées sont toutes contradictoires. Et elles ne semblent guère plus fiables qu’à l’époque antique, lorsque les haruspices examinaient le foie d’un animal sacrifié ou lorsqu’on tentait d’interpréter les borborygmes de la Pythie de Delphes.

RÊVE-OLUTION

En fait, nos oracles actuels se divisent en deux grandes tendances. Chronologiquement, les premiers à se manifester, dès le début du confinement, ont été les optimistes béats, biberonnés au Cyril Dion et Christophe André. A leurs yeux, cette crise sanitaire illustre les dysfonctionnements de la mondialisation actuelle, et constituerait une rupture dans l’histoire de l’humanité. Ils y voient une occasion unique de bâtir un monde meilleur, plus écologique, et plus solidaire. Un diagnostic pas complètement erroné, même si les grandes pandémies historiques n’ont pas attendu notre ère néo-libérale pour semer la mort. Durant une bonne partie du mois de mars, ces ravis de la crèche ont occupé le terrain médiatique et se sont saoulés de bonnes paroles. “Stoppons la course effrénée à la productivité ! Inventons un monde slow-cost !” Hélas, le confinement devenant au fil du temps de plus en plus pesant sur le moral des troupes, comme sur l’économie, l’heure du dégrisement a sonné. Finie l’exaltation des débuts ! Finis les apéros Skype ! Finis les «jours heureux» promis par Emmanuel Macron ! Et retour à la réalité.

GUEULE DE BOIS

L’urgence du redémarrage économique prime désormais sur toute autre considération. Le monde plus juste, plus lent, plus respirable est repoussé aux calendes grecques. Priorité à l’emploi et à la production. Les pessimistes sont dans la place ! Ils promettent du sang, de la sueur et des larmes ! Les Anglais ont eu Churchill, nous avons Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF, qui demande aux Français de travailler plus à la sortie du confinement pour relancer l’économie du pays. Le ministre Jean-Yves Le Drian, lui, déprime les foules en prophétisant que «le monde de demain sera pire». Et Houellebecq, l’amer Michel aussi désabusé que s’il avait perdu son chat, estime, avec un réalisme froid, qu’il n’y a rien à attendre du monde d’après, qui sera, au mieux, comme celui d’avant. La ruée dans certains magasins dès le 12 mai ne semble pas lui donner tort. Bref, la crise sanitaire que nous traversons risque de ne rien changer, ni au monde actuel, ni à nos comportements. Ou alors d’accentuer des tendances qui étaient déjà à l’œuvre depuis plusieurs années, comme la digitalisation. Quel sera le scénario ? Liberté, ou autoritarisme ? Mondialisation ou relocalisation ? Solidarité internationale ou fragmentation du monde ? Vélo ou voiture ? Vacances à l’Ile Maurice ou à Lille avec Maurice ? Impossible de le prévoir ! Cessons donc de prendre ces prophéties pour des lanternes !

©Aarrttuurr

 

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